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J’ai un souci … Où est le complot ?

La démocratie est-elle en danger ? Le buzz autour des deux documentaires (un belge « Ceci n’est pas un complot » et un français « Sécurité globale. De quel droit ? ») bat son plein. Pendant que le Parlement poursuit sa sieste, d’autres dirigent le pays en édictant des lois un chouillas liberticides, en tous cas préoccupantes pour le respect de notre vie privée et de nos données personnelles. Bien sûr, tout dépend de la manière dont on aborde les choses… Eh bien justement, à l’abordage !

par Serge Dielens, auteur de l’essai « Alors quoi demain ? D’un virus à l’autre, sans masque », Editions Aptitudes, Bruxelles, oct.2020 (commande sur alorsquoidemain.com).

“Ceci n’est pas un complot”, “sécurité globale” et données personnelles… #onestpretpourladictature #sionnefaitrien #democratie #data #donneespersonnelles #vieprivee #apd #alorsquoidemain

https://editions-aptitudes.com/wp-content/uploads/2021/02/Commande-@-AlorsQuoiDemain.com-3-1.mp4

Après « Waar is da feestje ? », qu’on s’apprêtait tou.te.s à chanter en cœur et à pleins poumons, la Belgique s’est retrouvée essoufflée. Depuis un an maintenant, les Belges sont passés sans transition des espoirs de remporter la coupe d’Europe de football, et de fêter cela sur la Grand-Place de Bruxelles et sur toutes les places du pays, aux prémisses d’une société panoptique (société scopique ou panoptique dans laquelle chacun se sent contrôlé et se regarde être regardé), d’une société hyper policée, avec des drones et des caméras de surveillance partout.

Si leur présence n’est pas encore comparable à celle de la Chine, on se rapproche à la vitesse grand V de l’atmosphère dystopique de Black Mirror et de La Valla (L’Autre côté), une autre série Netflix.

Il n’est pas question ici de débusquer d’éventuelles “intentions terroristes” de la part de nos gouvernants, mais de rappeler quelle est la fonction de la loi. Pour certains, le droit à une vie privée n’est pas une liberté fondamentale. Or, le nécessaire consentement des populations à l’abolition de leurs libertés explique pourquoi celle-ci prend la forme du droit.

A quelques heures de la Saint-Valentin ainsi que de la réouverture des salons de coiffure, 

  • le nombre de personnes actuellement hospitalisées pour cause de Covid-19 s’établit à 1.649 (-5 %), contre 1.736 la veille, dont 291 en soins intensifs (-4 %), soit treize de moins que le bilan de Sciensano publié vendredi 05/02/2021.
  • La blessure d’Eden Hazard semble plus grave que prévu et Axel Witsel cèdera sa place à Youri Tielemans pour tenir la fourche des Diables à l’Euro de foot,
  • Les températures en Belgique sont négatives,
  • Le moral des Belges aussi.
  • Et on se prépare à l’hécatombe en termes de faillites et de complications psychologiques de plus en plus diverses et variées.

« Le confinement est une immense agression psychique »

Boris Cyrulnik, France Inter, 17 janvier 2021

Pendant ce temps-là,

  • l’hebdo Le Vif-l’Express réunit virtuellement Jésus-Christ, Karl Marx, Sigmund Freud et Milton Friedman au zinc des prophètes. Dans le plus strict respect des règles sanitaires, bien sûr. Comment auraient-ils vu déferler les phases de l’épidémie de coronavirus ? Et les partisans de Donald Trump sur le Capitole ? L’article du journaliste Nicolas de Decker est illustré par Vadot.

 

« Jésus avait annoncé la bonne nouvelle en envoyant à Freud, à Friedman et à Marx une invitation à une réunion Zoom, il avait écrit “que celui qui peut comprendre comprenne”, dans son mail … »

  • “Ceci n’est pas un complot”, un documentaire réalisé par le réalisateur belge Bernard Crutzen, circule en ce moment à la vitesse de l’éclair sur les réseaux sociaux. Il dénonce la manière dont la crise sanitaire est médiatisée en Belgique. Le documentaire peut être visionné en ligne, gratuitement.
  • En France, comme en Belgique (mais les consciences citoyennes ne sont pas encore alertées), des lois anti-démocratiques sont en passe de se voter. Nos libertés s’estompent petit à petit, sans crier gare ? Un film-docu fait là aussi le buzz.

Décor planté. C’est en philosophe du sens commun que je m’exprimerai ici. En tant que simple citoyen qui sent un urgent besoin de s’exprimer. Citoyen à l’esprit libre mais préoccupé. Préoccupé par la liberté et ses privations, par le climat et son dérèglement, par l’éducation et sa déliquescence, voire sa disparition. Par le silence des pantoufles face au bruit des bottes, comme je le pointais il y a six mois déjà dans l’essai « Alors quoi demain ? D’un virus à l’autre, sans masque » publié aux editions-aptitudes.com (Bruxelles, octobre 2021).

 

C’est clair, nous avons tous un besoin fort de sécurité. 

Pour grandir, pour évoluer, pour se développer.

Le neuropsychiatre Boris Cyrulnik, à l’occasion de la sortie de son livre “Des âmes et des saisons. Psycho-écologie” (Odile Jacob, 2020), explique que « grâce à la neurobiologie grâce aux sciences modernes, on est en train de découvrir qu’on est beaucoup plus sculpté par le milieu qu’on le croyait ». Ces « milieux » sont d’abord le milieu utérin (première niche sensorielle où on commence notre sculpture = dans le ventre de notre mère). 

Besoin de sécurité. « Si la mère est stressée, elle sécrète les substances chimiques du stress (cortisol, catécholamine, etc.) et ces substances du stress passent la barrière du placenta et le bébé les avale. Si la mère est stressée pour des raisons relationnelles (précarité sociale, absence du conjoint ou violence du père, famille) le bébé déglutit des substances du stress qui abîment son cerveau. Si on sécurise la mère, le bébé recommence sa reconstruction. On sauve le bébé (et la mère) si on sécurise l’environnement de la mère. Et c’est valable partout, quel que soit le milieu. Si je me sens en sécurité, je suis bien avec vous ».

L’environnement détermine notre état de bien-être l’intérieur. Fort de ce constat, nos gouvernants peuvent interpréter ce besoin de sécurité citoyenne de différentes manières, selon différentes perspectives (court, moyen ou long terme) et induire de nouveaux règlements sensés garantir notre sécurité.

Ainsi, si nos gouvernants dirigent, parfois de manière inconsciente, par l’angoisse et la peur, imaginez le tsunami de substances chimiques qui se déversent dans notre corps depuis un an.

L’angoisse vient des mots, des chiffres, de l’incertitude. La plupart des citoyens a besoin de certitudes, de perspectives. Alors que l’incertitude et le doute sont des facteurs de progrès, les certitudes sont créatrices de stéréotypes. Finalement, être dans l’angoisse et l’incertitude serait-il générateur de changement ? Tout est devenu flou…

La juxtaposition de lois qui isolent les êtres, qui limitent grandement leur droit de manifester, de s’exprimer, d’évoluer dans l’espace public à leur guise, est considéré par beaucoup comme une agression psychique. Nos espaces de liberté disparaissent par petites touches. Tocqueville sourirait dans sa tombe si j’invoquais une dérive lente et progressive vers plus de sécurité et vers moins de droits.

Ce virus est là pour nous préparer à un nouveau régime autoritaire.

« Cette notion de sécurité globale a été pensée par les milieux néo-conservateurs américains proches des cercles militaires au moment de la fin de la guerre froide, elle constitue une rupture avec les principes hérités de la Modernité. L’ère des guerres classique Etat contre Etat semblait révolue et il fallait imaginer un nouveau paradigme sécuritaire pour justifier les budgets de l’armée et de la sécurité, lequel n’a jamais été formellement approuvé par le Parlement. Depuis 2013, la France adhère progressivement, à son tour, à cette conception purement utilitariste de la sécurité : l’État peut, au mépris des distinctions civil/militaire, guerre/paix et droit pénal/droit administratif, utiliser tous les moyens à sa disposition – armée, polices, agents privés – pour assurer sa sécurité, aussi bien à l’extérieur, qu’à l’intérieur de ses frontières ». OLIVIER CAHN

SECURITE GLOBALE
Je vous invite à regarder jusqu’au bout “Sécurité globale. De quel droit ?”, un documentaire réalisé par Karine Parrot et Stéphane Elmadjian.

Ce film croise les points de vue de sept universitaires, chercheuses et chercheurs en droit, spécialistes du droit pénal, de politique criminelle, des données personnelles et de l’espace public. Interrogé.es sur cette proposition de loi “Sécurité globale”, ils et elles décryptent les dispositifs techno-policiers prévus par le texte et, au-delà, le projet politique qu’il recèle.

« Il y a dans le titre de cette proposition de loi quelque chose d’effrayant, de l’ordre de l’énorme mensonge, la sécurité globale, totale ne peut être qu’un mirage sauf peut-être dans un monde de la transhumanité que bien peu souhaitent ». CHRISTINE LAZERGES, Professeure émérite de l’Université Paris 1- Panthéon-Sorbonne

Dans quelle société suis-je en train d’évoluer ? 

Alors que la criminalité est un phénomène normal (depuis Durkheim) et minoritaire, pourquoi voit-on aujourd’hui surgir des propositions de loi, voire des arrêtés qui enfreignent grandement nos libertés. En France comme en Belgique, quelques âmes vigilantes (principalement des universitaires), posent la question : « Vers quel type de surveillance, vers quel type de société, de vivre ensemble, allons-nous ? »

« On a le sentiment d’un mouvement sans fin, d’une succession continue de lois qui donnent toujours plus de pouvoirs à l’État pour contrôler, surveiller et réprimer la population dans le cadre d’une politique de tolérance « zéro ». Mais la délinquance ne va jamais disparaître, elle est un phénomène normal, comme disait Durkheim, elle se réorganisera toujours pour s’adapter aux nouveaux moyens de surveillance. Or, le résultat ultime de ce mouvement vers toujours plus de surveillance ce sera une société) totalitaire où les citoyens seront surveillés du matin jusqu’au soir. Là, il y aura peut-être des résultats en termes de lutte contre la criminalité mais ce sera au prix d’une société Orwellienne. » PASCAL BEAUVAIS, Professeur à l’Université Paris 1- Panthéon-Sorbonne

Prenez une petite heure de votre temps (48 min de film https://player.vimeo.com/video/506052816 + 12 min de réflexion) pour vous rendre compte à quel point vous chérissez votre vie privée, votre liberté d’agir, de vous exprimer, de vivre ensemble …le plus librement et respectueusement possible. La menace n’est pas là pour faire semblant de vous faire peur. Mon libre arbitre m’invite à me faire une idée moi-même, sans influence de qui que ce soit !

DES UNIVERSITAIRES REAGISSENT

« Ce texte (de loi) va légaliser plusieurs mesures de techno-police, plusieurs pratiques de surveillance dites intelligentes, utilisant des capteurs sonores, thermiques, des capteurs d’odeurs et aussi des capteurs d’images. Ces dispositifs sont très attentatoires aux libertés, ils menacent nos vies privées mais aussi les libertés d’opinion et d’expression parce que, logiquement, quand on se sent surveillés, on a tendance à se censurer. Or, la loi surprend par la faiblesse des garanties qui entourent l’utilisation de ces dispositifs de surveillance ». LUCIE CLUZEL, Professeure à l’Université Paris Nanterre

« Le droit, pour les policiers, de porter une arme hors service leur a été accordé pendant l’état d’urgence terroriste de 2015. Comme beaucoup d’autres mesures, celle-ci a été pérennisée, intégrée au droit commun. Aujourd’hui, avec la loi sur la sécurité globale, le législateur souhaite élargir ce droit en autorisant les policiers à porter leur arme hors service, y compris dans les lieux ouverts au public. Mais c’est le gouvernement qui, dans un second temps, aura la compétence de déterminer, par arrêté du ministre de l’Intérieur, les conditions de ce port d’arme ». LUDIVINE RICHEFEU, Maîtresse de conférences à CY Cergy Paris Université

Explications et extraits @ https://kparrot.gitlab.io/securite-globale-de-quel-droit/

« Avec l’article 24 de cette loi, comme avec le délit d’intrusion dans les universités, le législateur cherche à punir un acte totalement licite en s’appuyant sur l’intention de son auteur. Or, on ne peut pas connaître l’intention d’une personne, raison pour laquelle le droit pénal ne doit pas punir les intentions. En réalité, avec ce genre de délit, le législateur crée une base légale pour une intervention policière ; la loi permet aux policiers d’interpeller des personnes, de les placer en garde à vue, en sachant qu’en réalité, ils ne pourront pas les poursuivre sur le fondement de ce texte ». RAPHAËLE PARIZOT, Professeure à l’Université Paris Nanterre

« A mon sens, il ne faut pas saisir le débat autour de cette loi sur la sécurité globale uniquement en termes de grandes libertés fondamentales. Ce qui est en jeu à travers chacune des mesures de cette loi – qu’il s’agisse des polices municipales, des agents de sécurité privé ou de la surveillance par drone – c’est la qualité d’espace public ouvert. Ce texte, en quadrillant l’espace public, cherche à remettre en cause sa qualité de chose commune dont nous pouvons jouir et user collectivement. Il cherche à isoler et étiqueter les personnes qui circulent dans cet espace dont en principe personne ne peut être exclu ».

NOÉ WAGENER, Professeur à l’Université Paris Est Créteil

Comme on peut le lire ci-dessus, cette proposition de loi sur la sécurité globale sonne (chez certain.e.s) l’alarme du contournement de certains processus démocratiques.

Toujours en France, la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) s’alarme elle aussi de la banalisation de l’exception en cours depuis plusieurs années, tant sur le fond du droit – avec la réinstauration de l’état d’urgence sanitaire– que sur la procédure législative. On ne compte plus les projets et propositions de loi adoptés en procédure accélérée. En concentrant toujours plus les pouvoirs entre les mains de l’Exécutif, la France fait figure d’exception parmi ses voisins européens.

https://www.cncdh.fr/fr/publications/proposition-de-loi-sur-la-securite-globale-la-cncdh-salarme-du-contournement-des

« Le fonctionnement de nos institutions démocratiques suppose un débat équilibré et contradictoire entre l’Assemblée nationale et le Sénat, et un examen réfléchi des réformes envisagées par le gouvernement et les parlementaires. Nos gouvernants ont réaffirmé récemment, avec raison, le caractère fondamental de la liberté d’expression dans une démocratie. La CNCDH insiste à cet égard sur la nécessité pour les pouvoirs publics d’être ouverts à la diversité des opinions et à solliciter, en temps utile, le point de vue de la société civile et des instances de protection des droits de l’Homme. » peut-on lire sur leur site (https://www.cncdh.fr/fr/publications/proposition-de-loi-sur-la-securite-globale-la-cncdh-salarme-du-contournement-des).

OK cela se passe en France. Mais des propositions de loi identiques sont en préparation chez nous, en Belgique. L’occasion de se poser la question sur notre état de santé démocratique…

1. Belgique * L’opposition s’inquiète de la gestion des droits fondamentaux : “Le parlement doit retrouver son rôle”

L’opposition a interpellé la ministre de l’Intérieur Annelies Verlinden (jeudi 4/2/2021) à la Chambre. Plusieurs députés estiment en effet que les mesures sanitaires prises par arrêtés ministériels posent question en matière de respect des droits fondamentaux.

“Le parlement doit retrouver pleinement son rôle. Ce qu’il nous faut, c’est plus de délibération”, a fait valoir François De Smet. “La constitution exige que ce soit le cas. Et vous vous privez d’organes de contrôle comme le Conseil d’Etat ou l’Autorité de Protection des Données (APD). En attendant le dépôt dans les plus brefs délais de la loi pandémie, le président de DéFi a demandé qu’”après chaque comité de concertation, ce gouvernement traduise les mesures dans un projet de loi examiné en urgence par le Conseil d’Etat et le Parlement. Nous pourrons ainsi donner une véritable assise démocratique aux mesures.” 

“La ministre envisage toujours de soumettre le projet de « loi pandémie » au Parlement au printemps. Ce texte constituera une “future base juridique à long terme pour lutter contre les pandémies”, avec un équilibre entre la flexibilité nécessaire pour agir rapidement et la sécurité juridique. “Il ne contiendra pas de liste de mesures car il est difficile pour le gouvernement de prédire quelles mesures devront être prises à l’avenir. Mais elles seront similaires aux mesures que nous connaissons actuellement”, a rappelé Annelies Verlinden, ministre belge de l’Intérieur.

https://www.7sur7.be/belgique/l-opposition-s-inquiete-de-la-gestion-des-droits-fondamentaux-le-parlement-doit-retrouver-son-role~ae97d91f/?fbclid=IwAR360qrn6vY2zSL_Pf_42D8GBIWhWzPTwnJ5AZ_9QEjzS91OnHifjB8rDP4&referrer=https%3A%2F%2Fl.facebook.com%2F

La ministre n’a pas communiqué de date précise pour le dépôt du projet de loi. Peter De Roover a présenté une motion de recommandation demandant au gouvernement de le faire au plus tard le 15 février.”

Les restrictions de liberté dans état « policier renforcé »/ »hyper policé » risquent fort de se retrouver aussi dans le volet suivant (2) qui explique ce qui est fait au niveau de la protection de vos données et du respect de votre vie privée’. Les enjeux au niveau de nos libertés sont énormes. Car #sionnefaitrien #onestpretpourladictature. Et si rien ne bouge, on lira la phrase suivante en hochant de la tête (…vidée ?) : “Ce virus est là pour nous préparer à un nouveau type de régime politique”.

2. DONNER SES DONNEES. OUI MAIS A QUI ?

D’une part, quelques vigies qui s’alarment au sujet du respect de notre vie privée et des élans liberticides de certains concernant nos données personnelles (François de Smet (DéFi), Elise de Grave (UNamur), entre autres).

D’autre part, on a un ministre qui se sent pousser des ailes depuis qu’il sait qu’il va gérer le volet digital du plan de relance global de 6 milliards, accordé à la Belgique par une Commission européenne …elle-même légèrement empêtrée en interne dans un équipement informatique assez dépassé.

Frédéric Chardon, journaliste à LaLibre.be le rappelle : « Le plan de relance belge, destiné à utiliser la manne européenne de 6 milliards d’euros, a été fortement critiqué. Saupoudrage, projets sans envergure structurelle, manque d’imagination… La Belgique, et ses différents niveaux de pouvoir, serait passée à côté d’une occasion historique. Certains s’étonnaient plus particulièrement de la place accordée à la digitalisation des services publics dans le volet fédéral du plan. En quoi la numérisation administrative relancera-t-elle notre économie tétanisée par la pandémie ?

Mathieu Michel (MR), secrétaire d’État en charge de la Digitalisation et de la Simplification administrative, veut mettre les points sur les “i”. Dans LaLibre.be (7/2/2021), il déclare : “Aujourd’hui, la digitalisation, c’est la simplification administrative. En digitalisant les services publics, on soulage les citoyens et les entreprises.” Grâce à la digitalisation de l’État, il y a aussi des opportunités de développements économiques. “Dans le domaine des données, par exemple. Il faut libérer les données publiques en matière de santé, de météorologie, de mobilité… Ces données, pour peu que leur usage reste strictement encadré, sont en fait le pétrole du XXIe siècle. Le chiffre d’affaires du marché de la donnée en Belgique, c’est 12 milliards d’euros par an…. Et c’est un marché en croissance. La ressource de Facebook, de Google, ce sont les données.

À cela, Margaux de Ré, députée écolo au parlement bruxellois et à la Fédération Wallonie-Bruxelles réagit : « Ce qu’il faut aujourd’hui, c’est un numérique démocratique, respectueux de la vie privée, et de l’environnement. Le business des données n’est pas la voie. Encore une fois il met des intérêts économiques et financiers au centre, au lieu de réfléchir à ce dont les citoyen.ne.s ont besoin ».

DONNER C’EST DONNE. OUI MAIS POUR COMBIEN DE TEMPS ?

En Belgique toujours, l’Autorité de protection des données (APD) est l’organe de contrôle indépendant chargé de veiller au respect des principes fondamentaux de la protection des données à caractère personnel. www.autoriteprotectiondonnees.be

Mardi 2/2/2021, l’APD a envoyé une lettre à tous les gouvernements et parlements belges afin de demander que les mesures prises dans le cadre de la lutte contre le coronavirus respectent bien les principes fondamentaux de la protection des données. La lettre démarre ainsi : « Ces derniers temps, nous voyons apparaître un grand nombre de réglementations liées au COVID 19, sur la base desquelles des données à caractère personnel sont traitées. Nous avons en outre appris que d’autres initiatives sont également en cours d’élaboration. Compte tenu de la crise, cela implique aussi presque toujours l’enregistrement ou l’échange de données de santé sensibles. Le citoyen est abreuvé d’une succession de législations et de réglementations souvent peu transparentes, tant au niveau fédéral, régional, provincial que local, qui – même pour des initiés – sont difficiles à cerner. L’Autorité comprend que le traitement de données (de santé) dans le cadre de la crise actuelle du COVID 19 soit dans une certaine mesure indispensable et elle comprend également que l’évolution de la situation sanitaire nécessite régulièrement des ajustements. Néanmoins, elle demande une attention particulière pour plusieurs garanties qu’il convient de prendre en compte à cet égard sur le plan des droits fondamentaux en général et de la protection des données en particulier. L’Autorité rappelle tout d’abord que toute ingérence dans le droit au respect de la protection des données à caractère personnel n’est admissible que si elle est nécessaire et proportionnée à l’objectif qu’elle poursuit et qu’elle est encadrée par une norme suffisamment claire et précise et dont l’application est donc prévisible pour les personnes concernées. « 

Cette lettre de l’APD rappelle également que le Centre de Connaissances de l’APD doit être consulté pour avis préalable sur les textes réglementaires qui organisent des traitements de données liés à ces mesures. L’APD pourrait introduire des recours si les mesures prises sans qu’elle n’ait été consultée au préalable n’étaient pas rapidement ajustées. Du moins, en théorie.

Une réglementation Covid-19 peu transparente

L’APD se pose des questions par rapport à plusieurs mesures impliquant des traitements de données personnelles sensibles, dont la publication de l’arrêté ministériel du 12 janvier 2020 sans que l’APD n’ait été consultée sur le texte au préalable, ou encore l’annonce à Bruxelles de la communication de données de quarantaine avec des bourgmestres a priori sans base juridique claire le permettant.

Bien que l’APD ne conteste aucunement dans le contexte sanitaire actuel l’importance de prendre des mesures pour combattre la propagation du coronavirus, elle souhaite rappeler via cette lettre que ces mesures doivent être prises dans le respect des droits fondamentaux des citoyens, en ce compris le droit à la protection des données à caractère personnel. Les données traitées dans le cadre de la lutte contre le COVID-19 sont en effet souvent des données de santé. Ces données étant particulièrement sensibles, toutes les garanties nécessaires doivent être prises conformément aux différentes règles nationales, européennes et internationales.

L’avis de l’APD doit être demandé, et les mesures doivent être revues

L’APD demande concrètement :

  • A ce que tous les textes législatifs et réglementaires portant sur des traitements de données à caractère personnel par les entités de l’Etat soient soumis à l’avis du Centre de Connaissances de l’Autorité de protection des données. L’APD a en effet constaté qu’il n’était pas systématiquement consulté sur ces textes, alors que la loi et le RGPD le prévoient.  
  • A ce que les pouvoirs en place choisissent pour instaurer des mesures sanitaires les instruments juridiques appropriés. L’APD insiste ainsi sur la nécessité de créer une base juridique suffisamment stable (par exemple : loi, décret, ordonnance) pour encadrer les différents traitements de données mis en place dans le cadre de la lutte contre le coronavirus.
  • A ce que les principes fondamentaux de la protection des données soient bien respectés, notamment le principe de proportionnalité. En effet, les ingérences dans le droit à la vie privée et à la protection des données ne sont admissibles que si elles sont nécessaires et proportionnées à la réalisation de l’objectif d’intérêt général qu’est la lutte contre la propagation du virus.  

L’APD va maintenant s’informer davantage sur les traitements de données qui ont concrètement eu lieu sur base des différents textes de mesures adoptés sans que l’APD n’ait été consultée au préalable. En mars, l’APD évaluera les différentes réactions des gouvernements et parlements concernés. En l’absence de corrections rapides de ces textes rédigés en violation des garanties essentielles mentionnées ci-dessus, l’APD pourrait introduire des recours contre ces mesures.

Vous pouvez consulter la lettre dans son entièreté sur le site web de l’APD (https://www.autoriteprotectiondonnees.be/publications/lettre-aux-parlements-et-gouvernements-belges.pdf ).

Tout va bien donc : on est protégé par une « autorité qui rappelle à nos gouvernants qu’ils ne peuvent faire comme bon leur semble et laisser « dormir » encore un peu plus longtemps nos parlementaires (qui ne font pas grand-chose depuis un an). Heureusement, Elise Degrave, Professeure de droit à l’Université de Namur-Chercheuse en droit du numérique (E-gouvernement/IA et secteur public/RGPD) veille, relaie et publie régulièrement des rappels au bon sens et au souci de se préoccuper de ce pan de notre liberté démocratique.

« L’absence de loi pour encadrer des traitements massifs de nos données par l’État est de plus en plus choquante. La mise en place, dans l’ombre, de puissants outils algorithmiques destinés à perdurer bien après le covid est vraiment inquiétante. Que fait notre chien de garde (qui a pourtant des dents pour agir en justice tant qu’on est dans le délai) ? Il écrit des courriers. Un peu comme si la police, constatant que vous roulez sans permis, vous envoyait une lettre pour dire “svp, ne brûlez pas les feux rouges”. Et quoi ? Si le gouvernement dit “oui oui promis”, on oublie l’absence de loi, circulez, y’a rien à voir ? «, signe-t-elle en réaction à l’annonce de l’Autorité de protection des données qui a contacté les pouvoirs publics belges afin de demander que les mesures #Covid19 respectent bien les principes fondamentaux de la protection des données.

3. COMMUNICATION POLITIQUE * Les médias et le Corona

Ministre sous trois gouvernements, députée durant quatre législatures, Maggie De Block a tout connu en politique : les sommets de popularité puis la fronde du monde médical et les critiques sur sa gestion de la pandémie. Après presque six années comme ministre de la Santé, elle retrouve les bancs de la Chambre. À 58 ans, Maggie De Block entame un nouveau chapitre de sa vie. Selon Maggie De Block, qui était à la barre du ministère de la Santé au début de la pandémie de Covid (rôle qui lui a valu un flot de critiques quant à sa gestion), la présence accrue des experts dans les médias et leur sur-communication brouille le message envoyé aux citoyens. “J’entends des gens, qui ne sont ni médecins ni politiques me dire qu’il y a trop d’informations, et pas uniformes. Même sur un plateau télé, ils se disputent. C’est leur droit, mais ce n’est pas clair pour les gens. (…) Les experts annoncent maintenant une troisième, une quatrième, une cinquième vague… Le public est dégoûté de toute cette info, cette communication. Cela ne donne pas de perspective”, confie-t-elle à la DH (06/02/2021) https://www.dhnet.be/actu/belgique/maggie-de-block-se-confie-a-l-epoque-ce-sont-les-experts-qui-parlaient-de-grippe-bien-entendu-le-virus-etait-bien-plus-dangereux-601d849d7b50a652f7a674ec

 

ANGOISSE, PEUR – Un documentaire à la fois instructif et indépendant, non issu des « médias classiques » bien suivis par la population (LeSoir, RTBF-LaPremière, LaLibreBelgique, l’Echo, LeVif-l’Express, LaUne-RTBF, RTL-TVi, etc), se propage depuis quelques jours. “Comment les médias racontent le Covid”. Ce film-docu de Bernard Crutzen (né en 1960) décortique de manière non conventionnelle le traitement médiatique de la crise par les médias belges francophones. Ce qu’ils disent, comment ils le disent, et ce qu’ils taisent. Avec une attention particulière à la notion de “complot”.

Le titre « Ceci n’est pas un complot », très « belge », intrigue. Y a-t-il un complotiste derrière ce reportage ? Un journaliste frustré de la manière dont les médias « sponsorisés » traitent la « pandémie » ? Ce documentaire de type « curation » (qui aligne une sélection d’extraits de JT, d’interviews d’experts, de mise en lumière de méthode de propagande) a été réalisé grâce à la contribution financière de citoyens libres et indépendants, via KissKissBankBank, la plate-forme de crowdfunding bien connue, qui a récolté près de 100.000 €. Les donateurs attendaient un résultat assez intéressant en termes de contrepoids au discours véhiculé par les sus-nommés « médias classiques ». 

Et même s’il est légèrement « orienté », la vision de ce documentaire est conseillée. Si le qualificatif de “poison réalisé avec talent” pour “Ceci n’est pas un complot” tend à discréditer le propos du réalisateur belge, mon libre arbitre m’invite à me faire une idée moi-même, sans influence de qui que ce soit! Car cette heure devant votre écran est :

  • indispensable pour avoir un angle différent et provoquer la redéfinition de notre libre arbitre,
  • incontournable pour nous rappeler que certaines informations sont déformées et, souvent, non-corrigée (car rarement vérifiables ?). Inattaquable par les dénonciations qu’il y fait des liens très/trop proches entre producteurs et acheteurs, entre décideurs et… décideurs à double/triple/…-casquettes ;
  • urgent par les questions que le film pose afin de nous interpeller sur la démocratie telle qu’elle se présente aujourd’hui et aussi sur « le monde que nous voulons », pour nous, pour nos enfants et petits-enfants.

Voici la bande-annonce d’une minute : https://vimeo.com/506180528

“Comment les médias racontent le Covid”. Le reportage entier aligne des citations extraites de la presse écrite belge, des passages de journaux télévisés et des extraits radio, et tend à démontrer que nous sommes dirigés par la peur. Une peur entretenue par des annonces assez inquiétantes à chaque fois, voire angoissantes lorsqu’alignées jour après jour, voire heure après heure. Il dénonce également la manière dont certains virologues, médecins urgentistes et autres analystes ont progressivement disparu des médias (ils n’étaient tous simplement plus invités à s’exprimer). Ceux-ci portaient tous des messages plutôt rassurants et avaient une lecture sobre et dénuée d’émotion des statistiques fournies quotidiennement.

Le CoronaVirus serait-il donc moins dangereux que ce qu’on veut nous faire croire ?

Sortir une « ânerie » pareille vous range irrémédiablement dans le clan des complotistes. Comme d’autres l’ont connu à leurs dépens dans un passé proche, ce reportage-ci ne tombe pas dans ce piège (de « Hold up ») et il offre un espace d’expression à autant d’experts qui n’ont été invités que très peu à s’exprimer dans les « médias classiques ». Depuis la fin du premier confinement, toute parole allant à l’encontre du discours prôné par nos gouvernants est bannie des médias. Alors que ce qu’on attend des médias est somme toute à l’opposé ou au moins critique par rapport au discours véhiculé par le gouvernement. La presse serait-elle devenue un simple relais du discours gouvernemental ? Une sorte de Pravda contemporaine, adaptée aux diktats des gouverneurs d’une démocratie chancelante ? Non bien sûr (je ne tiens pas à ce que vous arrêtiez votre lecture juste après m’avoir traité de « complotiste » Mais, juste une question après avoir visionné ces deux reportages et lu cet article : s’il y en a un, il est où le véritable complot alors ? Dans l’enfumage et la propagande, la manipulation des masses ?

La vision de ce reportage belge et indépendant (« Ceci n’est pas un complot ») prend une petite heure de votre temps et il permet d’analyser la manière dont les « médias classiques » exploitent – sans en être tout à fait conscients ?- l’angoisse et la peur que peuvent engendrer la diffusion sélective d’informations à propos d’une « pandémie »… qui n’en n’est peut-être pas vraiment une, du moins  si on regarde les chiffres sans émotion.

LE CITOYEN EST-IL UNE MENACE ?

Estimer que le citoyen est considéré comme une menace, comme un ennemi potentiel, par les forces de l’ordre tient-il de la théorie du complot ? À l’heure où on ne veut plus diriger et gratifier, mais plutôt contrôler/maîtriser, agréger des données personnelles sans souci de sécurisation, estimer que les forces de l’ordre voient le citoyen comme une menace, un danger potentiel, tient-il de la théorie du complot ? Entre les mains de qui tous ces recoupements de données personnelles sensibles (santé, finances, comportement, etc.) vont-ils tomber… et permettre de « cadrer » la vie privée au maximum ? Tout cela sous prétexte qu’il faut se protéger soi-même et protéger les autres d’un virus qui tue un citoyen sur mille. Avez-vous jeté un œil à titre de comparaison sur ces chiffres par rapport à ceux des décès dus au cancer ou à une simple grippe (pour relativiser) ? Un citoyen sur 1000 âgé de plus de 65 ans (dans 9 cas sur dix). A se demander s’il n’aurait pas mieux valu directement protéger/isoler les victimes potentielles réelles plutôt que de
–        Confiner, isoler et priver de droit de sortie, d’expression, de déambulation dans l’espace public, l’ensemble d’une population ;
–        punir s’il y a (ne fût-ce qu’intention de) désobéissance
–        maltraiter physiquement s’il y a refus d’obéissance
–        sans hésiter à faire appel à la sous-traitance (milices privées dans les transports en commun par exemple) et à la délation (des voisin.e.s).

 Question. Et si c’était la mauvaise conscience (complotiste ?) de nos gouvernants, qu’ils projetteraient eux-mêmes sur le dos des « gouvernés » ?

« Ce sentiment des autorités (quelles qu’elles soient) d’être ainsi sans cesse agressées, ne prendrait-il pas une part trop décisive dans cet univers médiatique classique/sponsorisé, dont toutes les dénégations d’être les auxiliaires d’un système de domination, ne font cependant qu’accréditer davantage la chose. Et d’empêcher ainsi tout autre discours que celui(ceux) connus/qualifiés d’officiels ? » s’interroge Gérard le Paige (Liège).

Il fut un temps (jadis) où la censure brutale ou la bonne vieille propagande attirait davantage l’attention. « Aujourd’hui, le vacarme médiatique est tel qu’il est – peut-être – devenu le meilleur allié des nouveaux censeurs. Si “aujourd’hui”, on censure, en apparence, moins, dans nos pays dits “démocratiques”, c’est à la gestion de la perception du public que l’on s’attèle. C’est certainement plus subtil », juge le même acteur culturel liégeois.

Heureusement, le citoyen peut encore, le cas échéant, le percevoir. Mais pas toujours.

Vous êtes seuls juges de ce que vous interpréterez après ces deux heures de visionnage et de réflexion.

Alors quoi demain ? Tout ce qui se passera demain (ou pas) sera de votre propre responsabilité. Moi j’ai simplement exprimé mon inquiétude. Un souci qui risque d’affecter ma conscience, ma soif de liberté partagée et, sans doute plus encore, le futur de mes petits-enfants.

FIN DE L’ARTICLE.

PAS DE L’HISTOIRE DE LA DEMOCRATIE. Enfin j’espère 😉

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Sources et liens :

  • Documentaire français “Sécurité globale. De quel droit?” :

https://player.vimeo.com/video/506052816 

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